Histoire d'un motard heureux, de 1970 à... De l'enduro au side-car russe Ural. Pérégrinations, aventures et facéties diverses. Photographies et dessins.
CharliE le CorbaK est le 19ème Ural Vorona des 33 importés en Europe.
Eté 71, un souffle de liberté parcoure la France. Discipliné, je m'inscrit à un safari photo à Val-d'Isère organisé en Juillet. Non seulement j'y fêterai mon anniversaire (15 piges) avec mon professeur de sciences, inscrit également mais je vais voir mon existence bouleversée en y rencontrant la biologie, l'art et la moto.
En juillet 1971, j'ai vécu ainsi mon big bang à moi!
Aujourd'hui, je suis en effet biologiste, artiste plasticien et roule en side-car et me rends compte que, si Hannibal devait tant à ses Eléphants, moi ce serait plutôt à mes Chamois..
Voyez également l'album photo consacré aux Chamois 1971...
"Ce matin, je me suis levé de bonne heure, avant le jour. Je me suis équipé minutieusement, religieusement, enfin je suis allé réveiller ma bête. Elle est là, dans son garage, somnolente sur sa béquille, les chromes luisant doucement dans la pénombre et sentant bon l'huile refroidie et l'essence. Dans la rue, j'enfile le casque, le fixe, son odeur si particulière m'exalte, je la connais bien cette odeur, mais je la redécouvre chaque fois. Enfin, c'est le cérémonial de la mise en route. Essence, contact, starter, un ou plusieurs coups de kick... et la mécanique s'ébranle. A petits coups de gaz, je maintiens le régime du moteur tandis que je me mets en selle. On enfourche sa moto comme on se jette dans un fauteuil confortable et familier: là on est bien. Dernière inspection, dernière touche à l'équipement et c'est parti... Doucement d'abord pour chauffer le moteur et l'écouter tourner, puis de plus en plus vite et les bruits mécaniques s'estompent pour laisser place au sifflement de l'air. Ensuite, on recherche la bonne position de conduite, celle qui vous évite d'attraper la crampe du motocycliste... Elle vous prend à la base de la nuque, à cause du vent qui tire la tête en arrière et elle dure...dur, des heures, parfois même des jours. Mais ce n'est rien, juste une question d'habitude. Une fois les manoeuvres terminées, on pourrait penser que la route devient monotone... du tout, on admire le paysage et d'une façon panoramique encore! Ici, pas de montant de pare-brise et autres angles morts pour vous boucher la vue. Second avantage sur la voiture, on capte toutes les senteurs de la campagne, les bonnes et les mauvaises. Avec l'habitude, on reconnaît à l'odeur les champs de luzerne et ceux de colza. Mais encore, on discute avec sa moto, mais oui, on lui parle de l'itinéraire à suivre, des routes que l'on va rencontrer. On lui demande de bien vouloir se montrer vaillante et fidèle. On la flatte si elle marche bien, la maudit si elle défaille. Tout cela doit vous paraître bien pueril et ridicule, pourtant il faut le vivre pour l'apprécier pleinement. Parfois, on croise un autre motocycliset et invariablement on se fait un petit signe de la main. C'est par ce geste que l'on se reconnaît entre purs. Lorsque la ballade se termine, on est un peu mélancolique, comme à la fin d'une aventure."
Ce portrait pourait être celui de Jean-Pierre. Il n'a pourtant pas été écrit pour le décrire, ce texte est extrait de "La moto", de Christian Lacombe, pp 216-217 in"Les purs", 1970.
Jean-Pierre habite avec son épouse la région Nantaise, son origine est Normande. Il aime le pâté Hénaff et le montre clairement au 3ème Breizh Ural à la pointe du Minard, en avril 2007. Mais c'est surtout un homme vivement sympathique qui fait l'unanimité chez ceux qui le rencontrent.
Il est vrai que c'est un homme de communication qui est à l'affût de toute nouvelle technologie qui l'aiderait a rentrer en contact avec ses semblables: téléphone mobile, internet, GPS tam-tam, signaux de fumée (même en roulant et au détriment de sa propre santé), verres de l'amitié, comptes-rendus sur le site de l'Amicale Dniepr et Oural de France, forum divers, etc...
A l'image de Cadet Roussel (Orgelet, 1743 - Auxerre, 1807), Jean-Pierre a trois... motos et un... side-car, histoire de bousculer les traditions et les chansons: Peugeot, MZ, Royal-Enfield et Ural font ainsi son bonheur,celui de ses mécaniciens et de ses fournisseurs, de divers forums ainsi que celui de son assureur et de sa proche Préfecture...
Ors...
Le week-end dernier, un plainte émanait du garage, Jean-Pierre tendit l'oreille...
"Oui depuis ta belle Russe et ton Indienne, moi je ne compte plus,je reste dans le fond du garage,je vous vois partir et moi je reste là à attendre qu'un jour tu daignes te souvenir qu'il y a dix ans nous étions heureux ensemble,tu étais fier comme Artaban,tu te souvenais avec nostalgie que ton père et ta mère étaient heureux avec moi sur les routes de Normandie, je n'ai jamais déçu personne! Alors et moi, quand est ce que je roule comme au bon vieux temps?"
Impossible de rester indifférent devant tant de désarroi! Son sang de motard ne fit qu'un tour de vilebrequin et les voilà partis de concert pour une ballade d'une cinquantaine de kilomètres autour du lac de Vioreau. Cette retenue d'eau sur la Commune de Joue sur Erdre sert à réguler le cours du canal de Nantes à Brest pour les pragmatiques et à remonter le moral d'une fidèle Française pour les romantiques.
De cette bucolique ballade, Jean-Pierre a ramené quelques bien belles images que je suis heureux de vous présenter...
Au plaisir de te revoir mon bon Jean-Pierre mais attention à la gourmandise, je sais que tu aimes le pâté... et ne dis pas le contraire, personne ne te croira... PhilippE
A voir également l'album photo "Une copine à CharliE, la Peugeot 1952 de JPA".
En fin de semaine passée j'ai amené CharliE le Corbak chez le bobologue, en vasculaire pour lui faire changer la durite reliant le filtre à air au carburateur et en physiologie pour ses sempiternels problèmes d'allumage.
La clinique est à Maîche, dans le Doubs, et il existe de biens jolies routes pour y aller ce qui rend le trajet agréable, même quand il pleut, ce qui était le cas.
Le bobologue s'appelle Jacky, sa clinique "Warm Up", il est concessionnaire officiel Ural et commercialise également de bien belles italiennes: Moto Guzzi, Ducati... C'est amusant de se rendre compte que Warm Up se niche entre une scierie et une galerie d'art! Ceux qui me connaissent comprendront facilement.
Note: photographie d'archives 12.2006
Ce jour là, j'ai rencontré David. David, c'est tout d'abord le curieux qui tournait autour du Corbak pendant que je buvais tranquillement un café en attendant l'ouverture de Warm Up et c'est ensuite, ayant alors fait connaissance, l'heureux propriétaire d'un PUSTINJA, lequel se trouvait également en clinique pour son premier check-up.
Et bien, autant le dire tout de suite, c'est beau un désert, même dans le Haut-Doubs!
Avouez que je me suis fait sérieusement violence car monter sur un escabeau pour moi est une réelle épreuve, je puis vous le garantir...
Finalement, malgré mes préjugés (allure prononcée "Afrika Korps"), je la trouve bien belle dans sa livrée de sable. Bien évidemment, elle présente toutes les améliorations des modèles 2007.
Ces Ural sont vraiment étonnantes, il s'agit toujours de mêmes véhicules qui ne suggèrent pourtant jamais la même image: guerrière, familiale, baroudeuse, pacifiste, vacancière... Tout est bon pour la présenter, de la pin-up au chasseur, du toutou au roule-toujours, du citadin à l'agriculteur. Et c'est vrai que ces side-cars peuvent tout faire, ou presque...
Ce jour là, CharliE le CorbaK était un side-car de reportage; ci-après quelques images de la salle d'intervention et du bobologue accompagné de son assistant Bastien, en action:
Note: Désolé pour la piètre qualité des images, mais je n'avais que le flash de l'appareil, dont la portée est trop faible pour de telles distances.
La dite requête datant du 01.01.08, je place déjà ici quelques éléments relatifs aux neiges de l'an 1 (de l'ère corbakienne): timides premières échappées, galipettes forestières, en route pour Laon, franchissement du col du Simplon, Airolo & région du Gothard...
Pour des détails plus précis, suivez le fil du blog...
Bien d'autres images, histoires joyeuses et facéties diverses conteront ainsi la vie de CharliE le CorbaK...
Les 1 et 2 décembre, c'était le Jurabik Trèsfun Extrème à Choux, chez la Jacotte et le Jeannot! Plus de neige... mais on aurait pu skier dans la boue et nager dans les brumes. L'ambiance et l'accueil étaient parfaits, les repas dignes de tous les éloges, que demander de plus sinon d'y revenir? C'était drôlement sympathique tout cela décidemment. Vivement l'année prochaine! "V"
Alien, vous connaissez? Mais oui, bien entendu; Alien, Le huitième passager, le film de science-fiction de Ridley Scott sorti en 1979 qui nous a tous tenus en haleine et ceux qui ont suivis aussi d'ailleurs...
Le créateur d'Alien, H. R. Giger, artiste surréaliste suisse a son musée au sein même de la ville de Gruyères.
Dessinateur, peintre, sculpteur, graveur, architecte d'intérieur, designer... Giger est un créateur hors du commun; nous nous devions de visiter son musée. Gruyères est située au pied des Pré-alpes fribourgeoises, à côté de Bulle, à une heure de Berne et une trentaine de minutes de Montreux se situe sur le chemin de Gstaad. Naturellement célèbre mondialement par ses fromages, la Gruyère est une région magnifique, proche des grands centres, au pied des Alpes et à proximité du lac Léman. La Cité de Gruyères est un haut lieu touristique et l'emplacement du musée Giger est tout à fait stratégique, au château Saint-Germain, placé juste à côté de l'imposant château.
Samedi 12 janvier
Mais revenons tout d'abord à la Côte-aux-Fées... Il a bien neigé dans la nuit de vendredi et les précipitations ont continué encore durant la journée du samedi. Il n'en faut pas plus pour m'inciter à perfectionner ma technique de pilotage sur la neige, on en sait jamais assez!
Donc, samedi après-midi, une virée à la station des Rasses via Buttes, le Vallon de Noirvaux et Sainte-Croix puis retour par L'Auberson et La Vraconnaz. Juste une cinquantaine de kilomètres mais constamment dans le blanc!
Samedi 5 janvier au petit matin. Dire que la veille, on évoquait le printemps!
Les Gorges de Noirvaux, au parking de la cascade; j'y rencontre un père et ses deux fils, originaires de Nyons et ayant habité Piégon. Il connait bien le centre artistique où j'ai séjourné par deux fois!
Aujourd'hui, il n'y a pratiquement personne aux Rasses, les vacances sont terminées et il n'y a plus assez de neige sur les pistes.
Le Grand Hôtel, j'y allais gamin avec mes parents, quand le franc français était fort et que le travail paternel avait été favorable... Il y avait la boîte à musique, tenue par une femme dont j'ai encore le vertige quand je songe à son vertigineux décoletté dans lequel mon regard plongeait! Une abîme de fantasmes pour l'adolescent que j'étais... Je crois qu'elle s'appelait Florence et on y écoutait le Docteur Jivago avec un de ces Juke-Box dont les 45 tours défilaient en éventail.
Un arrêt à la Mouille-mougnon... un lieu marécageux où on y mouille le mougnon!
CharliE a été à la hauteur de sa réputation, avec ses nouvelles chaussures, il est toujours le Roi des neiges et pourtant, cette fois-ci, les conditions étaient difficiles en raison de l'épaisseur de la couche de"saumure"...
Dimanche 13 janvier
En fait, les 5 & 6 janvier avaient lieu le rassemblement des Marmottes à Saint-Véran. Malgré la distance et les difficultés garanties, j'étais décidé à tenter l'aventure... Tout était prêt, sauf moi... Le réveil n'a pas eu l'ombre du plus petit effet à mon égard. ALors un départ à 11h00 pour faire 450km en Ural avec le Col du Lautaret enneigé, il faut oublier! Qu'importe, ce sera pour 2009, je me coucherai plus tôt et vous donne déjà RDV pour le compte rendu.
Ainsi, pas de Marmottes à Saint-Véran. Ce week-end allait être celui de la Marmotte à Gruyères. Evidemment, nous avons eu un peu de retard, deux heures pour être précis... Et puis, le Corbak s'ébroue, secoue ses plumes et décolle joyeusement. La route est glissante car l'eau de mer a gelé... Le col des Etroits franchi sous le soleil, on devine la nappe du stratus en contrebas. Sainte-Croix est alors traversé sous le regard surpris, voire ébahi de quelques quidam à la sortue du temple (ou du bistro). En descendant vers Yverdon, dans la première épingle à droite nous sommes averti de l'existence d'un panorama. Arrêt photo indispensable. Ohhh, que c'est beau le stratus! Si vous voulez voir les Alpes, prenez une gomme à stratus.
Vous avez-vu, il y marqué PANORAMA, en blanc sur fond brun (c'est pour le touristes)!
Si vous avez une caméra sensible aux infra-rouges, vous devez pouvoir apercevoir le Cervin, et d'autres sommets aussi...
On a encore alors le choix: on monte et on va vers le soleil, on descend et on va dans, puis sous, le stratus. Vous imaginez sans peine ce que l'on a fait...
La route ensuite a certaienment été tracée par un bourrelier ou une couturière: lacet après lacet, épingle après épingle, un à l'endroit, l'autre à l'envers; nous sommes arrivé à Vuiteboeuf puis Yverdon. Puis Moudon, Oron et enfin Bulle où le soleil réapparait pour notre plus grand bonheur. Gruyères n'est alors plus qu'à quelques minutes et il y a une monde fou, tous les parkings sont pleins (il y en a 4 je crois) et là, une fois de plus, la moto, même à trois roues, c'est mââââgique! Et oui, un vaillant factionnaire nous ordonne de nous garer là, juste devant le dernier escalier qui mène à la vieille cité, nous ne pourvions pas être plus près...
Gruyères, c'est très, très, touristique. C'est normal, c'est magnifique! Et comme nous sommes venus pour le musée et devont être aussi des touristes finalement, autant visiter.
D'un point de vue pratique, notons que l'office du tourisme gruyèrien est placé à l'entrée gauche de la cité et qu'il héberge au sous-sol des commodités fort prisées pour ceux et celles qui viennent de faire un voyage dans le froid... Ce détail n'en es pas un, notez-le!
Le musée H.R. Giger se situe juste après un étranglement de la voie qui mène au château à partir de la place principale. Son accueil est pour le moins brutal avec de drôle de "Bullets"!
Mais le plus simple était de remplir notre rôle de touristes, en notant qu'il était interdit de photographier dans le musée, ce que je comprend et regrette en même temps (surtout en voyant l'incivilité de la beaucoup).
On se ressort pas indemne de chez Giger... C'est par fois à la limite du supportable, même pour quelqu'un qui est sensé en connaître un morceau, en art contemporain.
Alors, on boit un café, on achète des meringues et de la crème double, et surtout une adorable marmotte en peluche qui s'appelle Gruyères et qui ira à Saint-Véran retrouver ses copines en 2009! Nous retrouvons notre brave Corbak, bien heureux de n'avoir pas rencontrer Giger, lequel l'aurait peut-être métamorphosé en une drôle de Bullet à 3 douilles...
Ma marmotte s'appelle Gruyères...
La nuit n'est pas si loin et je décide de rentrer par Fribourg pour limiter les risques de verglas incongrus. Et oui, la sagesse vient avec les années dit-on...
En chaussant nos casques nous sommes abordés par un jeune couple suisse-alémanique qui nous informe que certains de leurs amis roulent aussi en hiver à moto. Mais quand même avec un side comme celui-ci, ce doit vraiment être le bonheur... Et oui, c'est le bonheur! Aussi de telles précieuses rencontres, qui vous saluent longtemps lors de votre départ.
Un bouchon à l'entrée de Bulle nous a incité à passer de l'autre côté du lac de Gruyère, par Broc et la Roche. Voyage bien agréable parsemé de fermes plus suisses les unes que les autres. Il n'y manquaient que d'être poudrées de géraniums!
A Fribourg, halte technique, CharliE à soif et nous faim. Il y a des jours où il ne vaudrait mieux pas avoir faim, reconnaissons-le après avoir englouti ce qu'y était considéré comme sandwich.
A la sortie de Fribourg, je m'engage sur l'autoroute et, par manque d'habitude, prends la direction de Berne jusqu'à Flamatt. La nuit est bien là, la circulation est celle d'un beau dimanche en fin d'après-midi et le Corbak fleurte avec les 100km/h. A Flammatt, je consulte ma carte et nous fait obliquer sur Langnau puis Neuchâtel, traversée par les tunnels. Ensuite, tout devient familier. mais Gabrielle commence à avoir froid. Je m'arrête à Rochefort pour lui donner une chaufferette qu'elle place sous sa veste; puis, à la sortie du fameux tunnel de la Clusette, c'est moi qui commence à avoir les épaules engourdies, surtout la droite (le retour d'air encore frappé...). Arrêt de nouveau à Travers, Gabrielle serre les dents... "Allez, maintenant on y va!" Bon, on y va donc! Il fait -6°C à la Côte-aux-Fées. Ce n'est pas moins que le matin, mais il fait nuit et c'est très humide, alors, avec la fatigue...
Il est 19h30, nous avons parcouru 210km et mis 3 heures, arrêts inclus pour revenir de Gruyères, je n'en reviens pas!
Merci à ma singette Gabrielle pour sa bonne humeur, son stoïcisme et son efficacité en virage!
Merci à CharliE-le-Corbak pour sa fidélité et son efficacité sans faille!
Merci à Heidenau d'avoir inventé des pneus pareils!